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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 15:43
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Chaque matin, elle extirpait son chignon brun d’une minuscule Fiat 500. En prenant grand soin de ne pas entrer en contact avec les deux pièges métalliques : le rétroviseur intérieur et la bordure de la portière. Pas évident lorsque l’on est affublée d’une taille de basketteuse (de l’époque) ! Les enfants, arrivés à vélo ou bien pédibus, guettaient l’incident d’un œil gourmand. Dans la salle de classe en préfabriqué, la propriétaire du chignon et de la Fiat 500, faisait asseoir ses 25 élèves face au tableau noir et à un bureau laissant toute latitude pour apprécier le jeu de jambes de la maîtresse. Contrairement aux années précédentes et suivantes, Mme Soccoluca avait été affectée à l’école des garçons et plus précisément à la classe du CP. C’est elle qui m’a enseigné le tracé, à la plume trempée dans l’encrier, des lettres de l’alphabet. Seuls les cochons faisaient des pâtés. Encore était-ce à la ferme et en février ! C’est à elle également que je dois mes premiers balbutiements lors de l’apprentissage de  la lecture. D’autres maîtres en blouses grises prirent ensuite le relais.

Mais, il est un personnage essentiel dans mon inclinaison pour l’écrit. Mon grand-père lisait son quotidien en une époque bien loin de l’ère triomphante de l’image. Il ne manquait pas un soir où il ne partage quelques lignes avec moi. J’y déchiffrais les affres de la guerre d’Algérie emplissant chaque matin la une et garnissant avantageusement l’intérieur de « La Dépêche du Midi ». A tel point que je ne pouvais m’empêcher un soir de lui poser l’évidente question : « Dis Pépé : il n’y aura plus de journal quand la guerre sera finie ? » Un grand éclat de rire gicla sous sa moustache grise et blanche me rassurant à tout jamais sur l’avenir de la presse écrite et de…la barbarie (connerie ?) humaine. Le jeune garçon, puis l’adolescent, se mirent dès lors en devoir de dévorer tout ce qui était imprimé et relié chaque soir jusqu’à des heures indues. L’un facilitant l’autre, cette soif effrénée de lecture me donnait des ailes en rédaction d’abord, puis en composition française ensuite. Un demi-siècle précisément s’est écoulé depuis le début de cette histoire. Et le démon de la ligne me tenaille encore. Lignes déjà couchées, prêtes à consommer, lové le soir au fond du lit, mais aussi lignes à étaler sur la feuille (l’écran)  blanch(e).

C’est, curieusement, la pratique du marathon qui a joué un rôle d’accélérateur. A cause d’une amitié nouée avec un marathonien-journaliste au quotidien agenais « Le Petit Bleu ». D’abord écrivaillon du vendredi pour mon club d’athlétisme, j’ai narré  durant plusieurs années la vie de ma commune pour le « Bleu ». Aujourd’hui en panne d’exposition, quel intérêt d’aligner des mots s’ils ne doivent trouver lecteur ? C’est là qu’intervient Pilou le quatrième stimulateur. Ecrivain talentueux et garçon à l’humour décapant, érigeant le verbe au statut d’art, il est parvenu, au terme de quelques mois de siège, à me convaincre de l’imiter.

C’est donc  à ces quatre moteurs : Jean-Pierre Meyer, Dino Milani,  feu mon « Pépé » et Mme Soccoluca que vous devez la naissance de ce blog. Un nouveau-né que vous pouvez m’aider  à élever en le faisant connaître et en l’amendant de vos commentaires. Merci pour lui.

 

Maxdestillac

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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 19:00

DSCN2981-1-.JPGDes nuages ronds et anthracites plombent un ciel pas encore prêt à la promesse de l’imminence du printemps. Pourtant les bourgeons des rosiers piaffent d’impatience. Cette nuit encore, le vent a soufflé à plein poumons faisant crier les volets. Monstre nocturne et peu coopératif avec notre indispensable sommeil, au petit matin Eole se voit accusé de notre mauvaise humeur. Cloué derrière ma fenêtre par la décision de mon médecin et l’action maléfique d’une terminaison nerveuse, j’ai soif d’activités extérieures. Ma prison n’est pas affublée de barreau. Ma liberté est peu restreinte. Toutefois ces quelques obligations de présence pèsent sur ma motivation à entreprendre. Je m’occupe, je vaque mais je ne fais pas. Le jardin m’appelle avec son cortège de travaux. Trop mouillé. Trop pénible pour mon sciatique. Toujours pas acté l’achat de l’indispensable remorque autorisant l’expulsion de ces encombrants branchages. Ce ciel porte bien ses couleurs sombres. Je suis, aujourd’hui, convié à accompagner un ami jusqu’à  sa dernière  demeure. René et son amour des orgues de Barbarie ne créaient que de la joie. Et il va falloir lui dire adieu. Trop dur la vie ! Des nuages là-haut, des nuages ici-bas. Comment croire à la promesse d’un printemps qui ne cesse de se faire espérer ?

O.K., le mercure a débuté son ascension dans les thermomètres. D’accord, on établi des plans de batailles pour les week-ends du joli mois de mai. On a bien reçu les belles cartes d’invitation pour deux mariages en juin. Mais la réalité demeure prégnante. L’hiver livre ses derniers assauts et les mauvaises nouvelles ne nous épargnent toujours pas. 26 février. On fête aujourd’hui les Nestor. Bien qu’amusant, le prénom du jour ne parvient toujours pas à me dérider. Le physique en berne, le moral éprouve bien du mal à se caler au beau fixe. Ces lignes devaient me servir de thérapie. Pas sûr que je ne doive changer l’ordonnance. Moi qui me complaît dans le travail des mots toujours à des fins humoristiques ne trouve nul goût à la digression, au fantasque. Mon esprit semble aussi gris que le ciel derrière les rideaux. Pas la moindre étincelle. Impossible de déceler  une once de gaieté. Peut-être la faute doit-elle en être imputée au clavier avec touches noires. Exit le sombre. Les nuages, la maladie, la mort. Pourquoi tout est il soudain contraire ?

Il y a urgence à tout repeindre, tout changer. Faire renaître la vie. Obliger l’espoir. Chanter. Rire à gorge déployée. Appeler le soleil. Convoquer les fleurs. Exhorter les oiseaux à chanter. Convier les petits-enfants pour que leurs rires déchirent ce voile qui étreint l’esprit. Ah oui, les petits-enfants. En voici une excellente idée. Allo les petits Romain, Esteban et Benjamin. Tiens. Le soleil semble percer au dehors. Aller, je peux aller accompagner René. Sûr que l’orgue va chanter sous les voutes de la basilique. Annick ne pourra réprimer son rire à la seule pensée de son papa qui ne manufacturait que le bois et la joie. Le 26 ? Mais voici donc que Mars vient frapper à la porte. Pas le dieu de la guerre, le mois bien évidemment. L’espoir renaît. René l’espoir. Les jeux de mots reviennent. Mon cerveau s’éclaire. La thérapie semble fonctionner. Ecrire, voici le remède. Le mot se fait salvateur. La ligne devient magique. Je dois vomir ma bile sur la page. Extraire tout mon fiel dans les paragraphes. Vider mon sac à l’intérieur des phrases. C’est juré. Je suis prêt pour affronter cette journée.

Maxdestillac

 

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